Penser avoir la légitimité de donner un avis sur des arcs alors que l’on n’en a jamais vu fabriquer est une escroquerie.
Par contre, sur l’homme qui les fabrique, c'est une autre histoire.
Pour le talent en général, Virgil en déborde et doit être tombé dedans étant petit.
De plus, c’est de famille.
Virgil est le fils d’un homme qui travaille le cuir à la perfection.
Il y a bien quarante ans que j’ai acheté le premier article de cuir fabriqué par lui et j’ai toujours admiré ce qu’il sait faire de ses mains – de l’artisanat d’art avec un grand A.
Parlons de Virgil qui a eu du talent en héritage.
II s'est fait plusieurs arcs, tous plus surprenants les uns que les autres.
Des pour gaucher, car il tirait du mauvais côté, puis pour droitier car, en essayant les miens, il y a pris goût.
Pendant un temps, ce qui est très injuste, il tirait droite ou gauche indifféremment.
Regardez son carquois plein de flèches magnifiques. Oui ! Il sait faire de bons arcs.
Beaucoup font des arcs, mais moins nombreux sont ceux qui les font bons.
Je crois aussi que, pour juger d’un arc, en mettant à part le côté esthétique car un mauvais arc peut être beau et un vilain bon,
il faut des milliers de flèches dans les épaules pour en apprécier la stabilité, la souplesse et tout le reste qui fait qu’on est bien avec.
Les arcs fabriqués par Virgil sont définitivement des arcs de chasse et c’est normal, car il est un véritable chasseur à l’arc.
Il n’a jamais chassé avec autre chose qu’un arc.
Un jour, de retour de chasse, au coin du feu, un verre de poire à la main, arrachez-lui les pays où il a chassé, des histoires d’ours et autres,
ses réussites et ses erreurs.
Vous comprendrez qu’il a un grand talent aussi dans la discrétion et c’est bien que quelques uns puissent bénéficier de ce qu’il sait.
Xavier Péchenart